Les bienfaits et limites de l'acceptation de soi
Pendant longtemps, l’idée d’acceptation de soi a fait du bien. Elle est venue comme un contrepoids à des années de pression inconsciente et de modèles impossibles à suivre. Elle a permis à certaines de faire la paix avec leur image, leur histoire et tout ce qui semblait peser sur leurs épaules depuis trop longtemps. Elles ont enfin pu se regarder avec bienveillance après s’être regardées avec dégoût.
Et cette étape a été nécessaire. Il fallait cesser de se faire la guerre et l’acceptation de soi a permis ça.
Aujourd’hui, ce discours a largement montré ses limites. Répété partout, sorti de son contexte, utilisé sans nuance, il finit par stopper tout questionnement interne avant même qu’il ait lieu. Car si faire la paix avec soi est un début, cela ne signifie pas que tout doit être accepté sans réserve, ni que rien ne doit bouger. La confusion s’est installée et on a fini par croire que s’accepter comme on est signifiait ne plus rien remettre en question, même lorsqu’on se fait du mal.
Ce qui, au départ, devait apporter de l’apaisement provoque le mal-être. Tous nos comportements, même négatifs, nous définissent parce qu’il faut « s’accepter tel que l’on est ». Ce glissement est compréhensible et même logique en réalité mais il doit être combattu car il revient, au fond, à s’enfermer dans une version de soi qui se démontre insuffisante, mais qu’on a cessé de questionner.
À force la seule question importante a disparu : est-ce que je vais mieux ?
L’acceptation, sans suite, ne fait pas grand-chose. Elle fait se sentir mieux sur le moment mais pas aller mieux sur le long terme.
Prendre le contrôle sur sa vie après s'être accepté tel que l'on est
Il y a des façons d’agir qu’on garde simplement parce qu’on s’y est habituée. Elles ne viennent pas d’un vrai choix, mais d’une répétition. On a réagi comme ça une fois, puis deux, puis dix, et à force, c’est devenu un réflexe. Par exemple, se refermer dès qu’on ne se sent pas comprise, ou se braquer quand on sent une critique . Ce n’est pas toujours visible. Mais intérieurement, c’est devenu un automatisme. Et comme c’est devenu un réflexe, on ne se demande même plus s’ils nous conviennent, et on les intègre parfois à notre identité.
On pense donc que c’est notre tempérament, notre caractère, notre manière d’être. alors qu’en réalité, ce sont peut-être juste des façons d’agir qu’on n’a jamais pris le temps de revoir.
Et pourtant, ce qu’on fait finit toujours par dire quelque chose de nous. C’est ce que les autres voient. C’est ce que l’on renvoie, même sans le vouloir.
Alors à un moment, la question mérite d’être posée :
Est-ce que j’aime me voir faire ça ?
Sortir du mode automatique
Il ne s’agit pas de tout passer au crible, ni de devenir obsédée par le contrôle de soi. Mais simplement de sortir du mode automatique. De revenir, sans brutalité, à un regard un peu plus lucide sur ce qu’on fait. Et de s’autoriser une vraie forme d’autocritique, pas pour se rabaisser, mais pour se redresser.
Par exemple, remarquer qu’on minimise systématiquement ce qu’on ressent pour éviter les conflits. Ou qu’on s’excuse même quand on n’a rien fait de mal, juste par peur de déranger. Ce sont des réflexes discrets, presque invisibles. Mais ils finissent par modeler nos façons d’exister — et tant qu’ils restent automatiques, on ne peut pas les ajuster.
Ce regard là ne suppose pas qu’on change tout, tout de suite. Mais il demande une forme de cohérence intérieure. Une manière de ne plus se contenter de subir ses réflexes comme si on n’avait aucune prise sur eux.
Alors vient une question qui mérite d’être posée : est-ce que je contrôle ce que je fais ?
Si la réponse est non, alors il est peut-être encore trop tôt pour ce travail là.
Mais si la réponse est oui — même partiellement — alors il faut aussi accepter ce que cette réponse implique : si je contrôle mes comportements, je peux aussi décider de les changer. Et une décision comme celle-là demande du sérieux, elle ne se prend pas à la légère, et elle ne tient pas sur une impulsion passagère.
C’est pour ça qu’on ne peut pas résumer un vrai changement intérieur dans un article “5 étapes pour aller mieux”. Ce genre de contenu peut soulager un moment, mais il ne transforme rien en profondeur. Parce que ce qui transforme, ce n’est pas une méthode rapide. C’est un mouvement lent, souvent invisible, mais clair, des actions qu’on tient sur la durée, sans promesse immédiate.
On ne change pas d’un bloc. Mais on peut, un à un, reprendre ses gestes, ses réflexes, ses manières d’agir. On peut les regarder autrement, les ajuster, les réorienter. Et poser, chaque jour, une base un peu plus solide. Ce que l’on continue à préserver et ce que l’on choisit d’abandonner.
S’accepter tel que l’on est ne doit pas être une fin en soi mais le début d’une remise en question. C’est là que commence le glow up mental.
Pas dans ce qu’on dit mais dans ce qu’on décide de tenir sur le long terme. Ce qui devient, petit à petit, une nouvelle ligne intérieure.
Et c’est cette ligne-là, discrète au début, qui permet un jour de se dire :
“Je peux être fière de ce que je suis.”