Poser ses limites sans trembler... ou en tremblant, justement

Il est 17h58, tu termines officiellement dans deux minutes, et pourtant, une notification apparaît : ton manager vient de planifier une réunion à 18h05. Tu pourrais fermer ton ordinateur, rappeler que tu es censée avoir terminé, simplement ne pas venir. Mais tu restes. Tu te connectes, tu participes, tu hoches la tête, et intérieurement, tu fulmines. Tu sais que ce n’est pas normal, tu sais que tu aurais dû dire non, mais tu ne l’as pas fait — et ce n’est pas la première fois.

Ce qui se joue là n’a rien à voir avec l’agenda ou l’organisation. Ce qui se joue, c’est ta capacité à faire respecter un cadre qui existe déjà, que tu n’as pas inventé, que tu as accepté en signant un contrat, et que tu laisses être piétiné par peur de déranger. Si tu veux que ça change, il va falloir commencer par cesser d’attendre que l’autre te comprenne spontanément, et poser toi-même une limite claire, même si tu tremble, même si tu n’as pas l’habitude, même si tu n’es pas sûre de toi.

Pourquoi c’est si difficile de dire non

Si tu n’oses pas poser une limite, ce n’est pas uniquement par peur du conflit. C’est souvent parce que tu n’es pas totalement sûre d’être légitime. Tu ressens que ce n’est pas juste, mais tu doutes : est-ce que tu fais ton travail correctement ? Est-ce que ce n’est pas normal d’être un peu flexible ? Est-ce que tu ne risques pas de passer pour celle qui ne veut pas faire d’efforts ?

Cette incertitude est paralysante, parce qu’elle brouille tout. Tu ne te sens ni assez solide pour refuser, ni assez claire dans ta tête pour argumenter. Alors tu te tais, tu subis, et tu accumules. Et tant que cette clarté ne revient pas, tu continueras de rester silencieuse, même quand tout en toi réclame l’inverse.

Avant d’oser, il faut se convaincre soi-même

Pour montrer de l’assertivité, il faut d’abord être certain qu’on est dans son bon droit. Tu ne pourras pas poser une limite de façon claire, calme et solide si, au fond, tu n’es pas entièrement convaincue que tu es dans ton droit. Et ce droit, il faut le nommer. Tu as un contrat. Tu as des horaires. Ton temps en dehors de ces horaires ne t’appartient pas à moitié, il t’appartient totalement. Travailler après 18h, ce n’est pas un signe d’engagement, c’est une entorse au cadre que tu as accepté.

Tu vas peut-être trembler quand tu le diras, et ce ne sera pas grave. Mais si tu ne t’es pas préparée en amont, si tu n’as pas bien ancré en toi que ta position est juste, tu risques de t’effondrer au premier froncement de sourcil. Ce socle, tu dois le construire avant de parler, pour que même dans l’inconfort, tu saches que tu fais ce qu’il faut.

Le prix à payer pour poser une limite

Poser une limite, même poliment, même calmement, n’est jamais un acte anodin. Si tu prévois de le faire, tu dois aussi prévoir ce que tu vas ressentir. Tu passeras peut-être ta journée à y penser, à te répéter ce que tu veux dire, à t’imaginer toutes les réactions possibles. Tu risques d’avoir le cœur qui s’accélère au moment de parler, la voix qui tremble, et parfois même des larmes qui montent après coup. Ce n’est pas un signe de faiblesse. C’est juste le prix à payer pour confronter quelqu’un.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce prix, tout le monde le paye, homme ou femme. Personne n’aime la confrontation préparée, passe un bon moment quand ça arrive, n’appréhende pas… Tout le monde a ce type de réaction, seulement, certaines personnes réussissent à se faire violence, en ferez-vous partie ? 

Ce que tu poses aujourd’hui, tu n’auras plus à le poser demain

Poser une limite n’est pas censé être agréable, ni fluide, ni naturel. C’est souvent inconfortable, parfois brutal intérieurement, et il est tout à fait possible que tu sois secouée après coup, même si tout s’est bien passé en surface. Mais cet inconfort n’est pas le signe que tu fais mal les choses ; il est simplement le témoin du fait que tu es en train de franchir une étape que tu as trop longtemps évitée.

Tu n’as pas besoin d’avoir confiance en toi, ni d’être parfaitement à l’aise, ni de savoir exactement comment formuler les choses. Tu as seulement besoin de comprendre que ce que tu réclames n’est pas un caprice, ni une revendication personnelle, mais un rappel parfaitement légitime d’un cadre que l’autre a choisi d’ignorer. Et si ton corps tremble, si ta voix vacille, si tu sens la pression monter au moment d’ouvrir la bouche, ce n’est pas grave — car ce que tu dis reste juste, même si tu le dis mal.

Ce qui compte, ce n’est pas la forme. C’est que tu sois capable, une fois, de tenir bon sans céder à la panique ou au doute. Parce qu’une limite posée clairement, même avec la voix qui tremble, suffit souvent à poser un précédent. On ne teste pas longtemps quelqu’un qui tient sa ligne. Et s’il faut revenir dessus plus tard, ce ne sera plus la première fois, ce ne sera plus aussi dur, et tu sauras que tu es capable de le faire.

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