Pourquoi lui reprocher ce que vous n’avez jamais dit revient à saboter la relation
Vous êtes contrariée, blessée, ou simplement mal, et il ne s’en rend pas compte. Il vous parle comme d’habitude, avec la même légèreté, le même détachement apparent. Vous, de votre côté, vous sentez incomprise. Vous interprétez son silence comme une forme d’indifférence, son absence de réaction comme une déconnexion affective, et très vite, vous lui en voulez — non pas pour ce qu’il a fait, mais pour ce qu’il n’a pas perçu.
Ce type de scène est courant, parfois même récurrent, et pourtant, il repose sur une attente profondément bancale : l’idée qu’un homme attentif devrait être capable de deviner ce que vous ressentez, même sans mot, même sans signe clair, simplement parce qu’il vous connaît, parce qu’il vous aime, ou parce qu’il « devrait sentir ». Ce raisonnement, qui semble naturel sur le moment, produit en réalité une forme d’injustice impossible à réparer, puisque ce que vous lui reprochez n’a jamais été formulé, ni même vraiment montré.
Il ne savait pas. Il n’avait pas les éléments. Et dans n’importe quel domaine de la vie adulte, quand une personne n’a pas reçu l’information, on ne la tient pas responsable de ne pas avoir agi.
Ce que vous ne formulez pas reste invisible, même pour quelqu’un qui vous aime
L’idée selon laquelle l’amour rend les choses évidentes, comme s’il suffisait d’être proche pour comprendre sans avoir besoin d’expliquer, est ancrée très tôt, souvent de façon diffuse, et rarement remise en question. Elle repose sur une croyance séduisante mais impraticable : qu’une relation sincère devrait permettre de se comprendre sans passer par la parole, comme si les émotions circulaient d’elles-mêmes, portées par l’intensité du lien.
Ce fantasme d’intuition mutuelle permanente est séduisant, car il vous dispense d’avoir à dire les choses, et donc d’avoir à prendre le risque de ne pas être entendue. Tant que vous attendez qu’il comprenne seul, vous restez dans un territoire mental où le lien est supposé fonctionner parfaitement, où l’autre est censé vous deviner, et où tout ce que vous ressentez pourrait être pris en charge sans que vous ayez à l’expliquer. Mais ce territoire-là, aussi réconfortant soit-il, vous expose à un malentendu structurel : ce qui n’est ni dit ni montré de façon explicite ne peut pas être deviné de façon fiable, et ce n’est pas une question de manque d’attention, c’est une question de logique élémentaire.
Lui en vouloir de ne pas avoir compris ce que vous n’avez pas exprimé revient à lui reprocher une erreur de lecture alors qu’aucun message n’a été envoyé. Ce n’est pas seulement injuste, c’est improductif, parce que cela crée un climat où le dialogue se bloque avant même d’avoir eu lieu.
Certains hommes ont déjà vécu ça et ne recommenceront pas.
Ces hommes ont déjà été dans des relations où ils devaient tout deviner, et ils ont peut-être essayé de décoder tous les signaux. Mais ils ont fini par en avoir marre, et lorsque leur relation s’est terminée, ils ont décidé de ne plus jamais sacrifier leur paix intérieure pour une femme.
Ce que je vous explique ici n’est pas rare, c’est très courant chez les hommes qui ont un peu de vécu. Et si vous tombez sur l’un d’eux, au premier silence à deviner, il vous collera l’étiquette “gamine” et partira peu de temps après. Ce n’est pas qu’ils ne savent pas prendre un reproche, c’est juste que ce type de non-communication ne leur convient pas car il les épuise.
Et soyons clairs, ils ne sont pas parfaits ou sur un piédestal émotionnel, ce sont simplement des hommes qui ont clarifié leurs limites. Ils savent ce qu’ils ne veulent plus vivre, et ils n’ont plus envie de jouer aux devinettes. Donc, si vous vous mettez en couple avec l’un d’eux, vous n’aurez pas droit à une deuxième chance de vous faire comprendre. Il faudra parler clairement, tout de suite.
Ce qui pourrait vous convaincre qu’il s’agit d’une mauvaise façon de communiquer
Imaginez cette situation : il rentre du boulot, ne vous lance pas un regard, vous parle à peine, reste fermé, et quand vous lui demandez ce qu’il a, il vous répond sèchement : « rien ». Vous essayez de creuser un peu, mais il vous repousse, et plusieurs heures plus tard, il finit par dire : « si tu ne sais pas, ce n’est pas à moi de te le dire ». Imaginez maintenant que cette scène se répète plusieurs fois par semaine.
Je vous propose de faire une pause ici. Prenez une minute, mettez-vous dans cette scène, vraiment. Essayez d’imaginer l’effet que ça produirait sur vous si cela devenait votre quotidien relationnel.
Et posez-vous simplement la question : est-ce que vous tiendriez longtemps dans ce type de lien ? Est-ce que vous vous sentiriez aimée, comprise, respectée, si on vous demandait de tout deviner, sans jamais vous dire ce qui ne va pas ?
Si la réponse est non, alors vous comprenez pourquoi c’est une mauvaise façon de communiquer.
Que faire lorsque ça ne va pas ?
Parlez-lui, parce que dire ce qu’il y a, c’est indispensable. Mais attention, encore faut-il savoir comment le dire sans créer une dispute de plus. Parce qu’un reproche mal lancé, même légitime, peut verrouiller la discussion au lieu de l’ouvrir.
Si vous voulez comprendre pourquoi certaines disputes explosent quand elles pourraient s’éviter, et comment formuler un désaccord sans transformer l’autre en adversaire, je vous conseille de lire cet article : Faut-il se disputer pour faire durer son couple ?